Les appartements où vécut la famille Astor sont un véritable témoignage d’un certain art de vivre en Bretagne à la fin du XIXe siècle.
La cuisine, dont les murs datent du XVIe siècle, a gardé son âme de lieu de vie chaleureux dont le mobilier typiquement breton invite à la nostalgie
On trouve dans cette pièce une armoire bretonne où la multitude de clous indiquait un niveau de fortune intermédiaire (les plus riches se faisaient sculpter les devants d'armoire), un banc-coffre, un vaisselier du XVIIIe.
La salle à manger est décorée de panneaux sur toile à décor floral d’Henriette Daux, datés de 1894, et de Théophile Deyrolle, ami de Joseph Astor, à qui l’on doit cette pièce.
Ces panneaux portent un décor d’animaux ou de fruits qui évoque les plaisirs de la table. Encore une fois, le décor de la salle à manger reflète la vie de la famille Astor : les assiettes du buffet en châtaignier de style flamand sont inspirées par la légende napoléonienne, or le grand-père du donateur fut soldat de la Grande Armée ; et Le Chanteur florentin, sculpture en bronze de Paul Dubois (1859-1909), fut offert à Joseph Astor par ses collègues du Conseil municipal de Quimper lors de son départ en retraite.
Le grand salon, aménagé au milieu du XIXe par Alour Arnoult, est décoré de boiseries et d’un lustre monumental d’époque Louis XVI. Deux grandes glaces reflètent à l’infini ce lustre à deux étages de lumière et pendeloques de cristal. Le mobilier témoigne du goût pour l’éclectisme du XIXe : on trouve des poteries chinoises de la Compagnie des Indes, une console Louis XV, un cabinet de voyage pour dames dans le goût italien, une table en marqueterie d’époque Louis-Philippe, des fauteuils Charles X ou encore une table de jeu Napoléon III en palissandre de Rio.
Les tableaux qui ornent les murs sont presque tous d’inspiration bretonne, comme en témoignent les sujets traités : coiffes bretonnes, pardons, naufrages. Leurs auteurs sont des peintres installés en Bretagne que Joseph Astor avait choisi d’aider : Charles Cottet, Maurice Denis, Louis Désiré-Lucas.
La salle de billard était un espace de jeux réservé aux hommes. Les boiseries XVIIIe siècle sont de style local : les moulures forment, dans le haut des panneaux, un dessin de cornes de bélier, motif traditionnel bigouden. La table du billard, datant du XIXe, est d’origine anglo-saxonne : percée de six trous qui pouvaient être bouchés pour jouer à la française. Cette pièce accueille une importante collection d’œuvres d’Auguste Goy, artiste originaire de Melun, élève d’Ingres, qui s’est fixé à Quimper en 1847. La collection Goy du Manoir de Kerazan, unique, permet d’apprécier l’œuvre de ce maître du XIXe trop injustement oublié.
Le fumoir, où l’on se réunissait autour du piano ou pour jouer au tric-trac, a conservé toute sa splendeur de jadis. Le tric-trac était le jeu favori de l’aristocratie au XVIIIe. Un piano droit du XIXe attend les mélomanes. On découvre aussi le goût de la famille Astor pour un style de peintures bien différent de celui observé dans les autres pièces puisqu’on peut voir ici des toiles, les plus anciennes de la collection, des écoles du XVIIe hollandaise et française, ainsi que de l’école de Fontainebleau.
Dans une vitrine, on peut remarquer, à côté de pipes, d'un nécessaire de toilette et de sceaux de correspondance, un véritable service à opium.
Une miniature du milieu du XVe siècle représentant une scène d’Annonciation est l’œuvre la plus ancienne des collections Astor.
La bibliothèque, ancien bureau de Joseph Astor, est restée inchangée depuis le XIXe siècle. Elle est très représentative des goûts littéraires de grands bourgeois et révèle leurs centres d’intérêts : François Guizot, Élisée Reclus, Victor Duruy… Les trois générations de la "dynastie" Astor sont représentées ici.
Le salon de Mme Astor recrée, quant à lui, un univers bien féminin, au mobilier XVIIIe siècle et aux boiseries inspirées des styles Louis XV et Louis XVI. Les dames se retrouvaient après le repas dans ce salon, tandis que les hommes jouaient au billard ou discutaient dans le fumoir. Elles y prenaient alors une tasse de thé ou de café, ou lisaient La Mode illustrée, une des premières revues de mode féminines françaises.